samedi 6 juin 2015

d’abord dans le Manaslu puis le tour des Annapurnas

Nous sommes arrivés au Népal le 1Nike Air Max Tn 8 avril pour vingt jours de randonnée, d'abord dans le Manaslu puis le tour des Annapurnas. Dans le Manaslu, on est obligés de prendre un guide, donc nous sommes partis avec une agence. Le parcours ne présentait aucune difficulté, et la montagne était magnifique. Le samedi, nous sommes repartis de Deng, la fleur au fusil et, en bon Fran?ais, nous nous sommes arrêtés pour déjeuner un peu avant midi dans un restaurant, sur un aplomb au-dessus de la rivière. Et là, tout s'est mis à trembler. Cailloux et arbres tombaient de tous les c?tés, à 30 mètres de nous, sans toucher le restaurant, pourtant situé dans une vallée assez étroite. Juste en dessous, un rocher d'1 mètre sur 2 s'est fracassé sur le pont qu'on aurait d? emprunter si on ne s'était pas arrêtés. Sur l'autre rive, où la falaise est abrupte, ?a tombait dur, mais c?té tn pas cher chine fiableforêt, les arbres nous protégeaient. Le restaurant a résisté, comme beaucoup de batiments en bois sur soubassement de pierre que l'on a croisés. Les gens du coin, des Tibétains pour la plupart, avaient l'air totalement surpris, pas préparés, notre guide a paniqué, a sauté par la fenêtre pour se réfugier dans un champ sans s'occuper de nous. Le tremblement de terre nous a choqués, c'était très long, mais moins que l'avalanche de rochers qui a suivi, de toutes les tailles, l'un faisait au moins 5 mètres de haut. Ensuite, un énorme nuage de poussière. Secousse, rochers, poussière. ?Comme on avait quelques souvenirs des cours de géologie, on savait qu'un séisme est suivi d'une réplique, on est restés planqués en attendant les secousses suivantes qui n'ont pas tardé. On a mangé, puis décidé de continuer à monter dans un village oùNike Tn on savait qu'on trouverait un téléphone. "Allez-y, je vous rejoins", nous a lancé le guide. On a eu le guide le plus nul du Népal, il avait pourtant une licence. On a marché le plus vite possible, on a traversé le pont fissuré, le chemin était défoncé, parfois englouti par un glissement de terrain. Si ?a rebougeait, on était foutus. ?Arrivés à Namrung, le téléphone ne marchait pas, bien s?r. La vallée était large, l'endroit s?r. On a dormi dans un chalet en bois, il y avait des Suisses et des Canadiens, le village était un peu dévasté. Le lendemain, on a continué jusqu'à Lho, espérant trouver du réseau. Quatre heures de marche au pas de course. On a croisé deux anes batés et harnachés, abandonnés. Des gens nous ont dit qu'ils ont vu beaucoup d'animaux morts, certains décapités par les coulées de cailloux. A Lho, où se trouve TN Requinun monastère, il y a environ 200 habitants. Pas mal de trekkeurs, qui montaient ou descendaient du camp de base, se sont réfugiés là. Je ne voulais plus ni monter ni descendre, j'avais trop peur, j'étais bloquée. Le téléphone national marchait, les guides ont contacté les agences, et nous avons attendu. Nous étions une quarantaine de randonneurs, plus des guides et des porteurs. Bénédicte Moreau, Brice et Guillaume Comiotto, dimanche 3 mai, à l'ambassade de France à Katmandou. DR ?A Lho, au tn requin bebe fille début, l'ambiance était bonne, on se serrait les coudes. On réfléchissait à ce qu'on ferait à l'arrivée des hélicoptères, on avait plus ou moins décidé de respecter, pour partir, la chronologie des dates des avions de retour : celui dont le billet était le plus proche partirait en premier, etc. Rapidement, un Tchèque, un homme en or, s'Nike TNest imposé comme chef, il organisait des meetings où l'on réfléchissait tous ensemble, on s'écoutait. Il y avait une espèce d'unité. Chaque jour, les guides nous disaient que l'hélicoptère arriverait "tomorrow, don't worry". Après, on a compris que ?a ne voulait rien dire. ?Tous les jours, on attendait les hélicos. Le mercredi, l'ambassade nous a contactés. Grace au téléphone satellitaire d'un guide, on a pu rassurer nos familles un jour où il y avait moins de nuages. On logeait dans une guesthouse, on avait un menu, on commandait à manger, certes il faisait 0°C, on ne pouvait pas se laver et il n'y avait pas de chauffage, mais on n'était vraiment pas à plaindre. Les Tibétains ne bougeaient pas, ne faisaient rien, ne voulaient pas commencer à reconstruire. Une Tibétaine a appris la mort de son mari, elle a pleuré toute une journée. Dans le monastère, un enfant est mort aussi. Le Tchèque a organisé une dotation, une cagnotte pour le village, chacun a mis de l'argent pour eux. ?Tout notre vie, on cherche du temps, et là, le temps est devenu un calvaire. On n'avait pas d'échéance. L'ennui a rendu les gens fous. Des Anglais ont attendu, en vain, deux jours entiers sous la pluie un hélicoptère privé. D'autres montaient attendre en cachette jusqu'au champ pour être les premiers. Le temps ne passait pas, j'ai arrêté de regarder ma montre car les chiffres ne bougeaient pas. On ne jouait plus aux cartes, on ne mangeait plus, on restait sous la couverture. ?Le vendredi, les Etats-Unis ont envoyé un hélicoptère chercher une Américaine, elle n'a pas voulu partir sans son groupe, et ils ont redécollé en gardant une place vide, on n'a pas pu leur dire qu'un enfant du village avait une jambe cassée. Un petit appareil népalais est passé en reconnaissance. Cinq Anglais sont partis avec leur guide dans un hélicoptère privé, on ne sait pas trop si ?a leur a co?té 4 000 [3 600 euros, ndlr] ou 12 000 dollars. Mais ils ont laissé leurs trois porteurs. Ils ont préféré emmener les bagages que les hommes. ?Samedi à 10 heures, quand le premier hélicoptère de l'armée népalaise est arrivé, ?a a été l'anarchie. Les guides n'ont pas été capables de coordonner. Tout le monde s'est rué vers l'appareil dont les pales tournaient encore, notre guide criait "courez !".a a été la foire d'empoigne, ceux qui avaient auparavant les plus grandes et belles idées se sont trouvés au bout du compte les plus égo?stes. Après une semaine ensemble, c'était chacun pour sa gueule. On avait décidé lors des meetings de ne pas emporter toutes nos affaires, mais les gens ont fait n'importe quoi. Devant cette bousculade, le pilote a eu peur et a redécollé. ?On est allés voir le Tchèque, il a la voix qui porte, on a refait un meeting, décidé de faire des lignes, dans l'ordre de départ des vols, et en faisant attention à ce que les Népalais puissent partir rapidement, eux savaient leurs maisons écroulées et n'avaient pas de nouvelles de leur famille. On a fait quatre lignes d'une vingtaine de personnes dans le champ, l'hélicoptère est repassé au-dessus de nous, le pilote a d? être rassuré car il s'est de nouveau posé. On se serait cru dans Lost. ?Alors là, des paysans sont arrivés, ont demandé une taxe de 500 roupies (environ 5 euros) à chacun parce que l'hélicoptère allait ab?mer le pré, ils s'énervaient vraiment et empêchaient les gens de monter. On a payé, mais le problème, ce n'était pas la somme, c'était la manière, surtout qu'on avait fait une donation au village. ?L'hélicoptère a fait trois rotations. Le Tchèque a passé son tour dans le premier vol pour rester organiser le deuxième. Ensuite, il a passé le commandement à Brice et à Guillaume. Le pilote a emmené plus de gens qu'il n'avait de places, ce qui a désorganisé nos groupes. On grelottait, debout depuis le matin sous la pluie et le vent. A la troisième rotation, notre guide nous a lachés, il ne restait que trois places, on les a laissées aux porteurs. On a demandé à un couple d'Allemands adorables s'ils pouvaient rester eux aussi, ils ont dit qu'ils n'étaient pas question qu'ils nous laissent seuls et l'hélicoptère est reparti. On est restés tous les cinq, les derniers étrangers au village, on a bu une bière. A cette altitude, à plus de 3 000 mètres, on est très sensible à l'alcool, on a vite arrêté. On ne savait pas ce qu'on allait devenir. Il neigeait. ?Ce matin, on déjeunait tranquillement quand on a entendu un hélicoptère arriver à 8 heures. On a tout laché, mais il fallait dix minutes pour monter au champ. J'ai voulu courir, mais avec l'altitude c'est très difficile, et je me rendais compte que le pilote ne nous voyait pas et se préparait à repartir. Juste quand il allait redécoller j'ai émergé de la pente et il m'a vu. On se serait cru dans un film. ?C'était un hélicoptère privé envoyé par l'ambassade de France. Le vol a été magnifique. On est allés chercher trois autres Fran?ais, on s'est arrêtés pour faire le plein. A la fin, on était neuf pour cinq places, sur les genoux des uns des autres. ?On a atterri sur un camp de scouts où l'Inde organisait de l'aide, assez loin de Katmandou. Le pilote nous a dit qu'il devait se poser là à cause des autorisations. L'ambassade avait envoyé des gens pour nous accueillir, dès la veille. Il y avait une personne du centre de crise du Quai d'Orsay, un médecin, une infirmière, ils se sont démenés pour nous et les Allemands, avec tendresse et empathie. Ils pensaient qu'on avait faim, avaient amené des rations militaires. Il y avait un drapeau fran?ais, et j'étais fier d'être fran?ais, comme à Lho quand un hélico de Médecins sans frontières s'est posé pour demander s'il y avait des blessés. A partir de maintenant, on va payer nos imp?ts avec plaisir. ?Brice était en vacances, il va rentrer à Paris. Nous, nous sommes en voyage depuis janvier et pour un an, on va continuer. Mais on va quitter le Népal le plus vite possible, on reviendra peut-être un jour finir le trek. Mais je crois que j'aurais trop peur.


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